La plus grande a emmené, il y a quelques jours, sa copine Viviane, dans l'antre de la cuisine italienne de la Métropole lilloise.
On n'a pas encore parlé de cet endroit, je pense.
Connaissez-vous le magasin Carlier-Vogliazzo, rue de l'Alma à Roubaix ?
Non ?
Quoi ? C'est pas vrai ?
Alors à la fin de la lecture de ce papier, vous allez me faire le plaisir d'y courir le plus vite possible, non mais !
Ce magasin, c'est le "Little Italy" de Lille. C'est du bonheur entre 4 murs, dont 1 entier de pâtes toutes différentes les unes des autres. Vous entrez à et vous partez en voyage : les jambons pendent avec indolence, les saucisses et saucissons au fenouil se cognent contre les sobressada, la morue fait toutes les tailles, les bouquets de marjolaine séchée se balancent au-dessus du "Lacrima Christi" et du "Vino Santo".
Et à la simple évocation de ce mur de pâtes, la plus grande pense à Cavanna et ne résiste pas à retranscrire 1 passage d'anthologie des "Ritals".
"L'odeur de la boutique italienne, c'est compliqué, il y a des tas de choses dedans, et en même temps c'est simple parce que c'est tout des odeurs qui vont dans le même sens. L'accord parfait, quoi, comme quand on chante "la nuit" de Rameau, à l'école, à 4 voix, et que pour 1 fois on a pas trop envie de chahuter le prof de chant, ça arrive. Il y a les olives dans leurs tonneaux, il y a les petits poissons salés, dans leurs tonneaux aussi, des petits tonneaux plats où les poissons rangés bien serrés bien en ordre comme les rayons d'1 roue, quelle patience, il y a le concentré de tomate dans la grosse boîte en fer, il y a les champignons secs enfilés sur des fils au plafond, c'est ça qui sent fort, tiens, il y a les morues sèches plates comme des chemises empesées, il y a les salamis et la saucisse, il y a la pancetta roulée, il y a les herbes, les sacs de riz, de lentilles, les grappes de fiasques au ventre de paille, il y a le jambon de Parme sur la machine à faire les tranches "sottilissime" (très, très subtiles", c'est pas joli ?), ça aussi, ça sent fort et bon, le jambon de Parme... Et il y a le parmesan. L'odeur reine. Le parmesan, l'éléphant des fromages. Les roues de 100 kilos, noires, empilées comme des pneus de camion, tellement dures qu'il faut les entamer à la hache, séchant et mûrissant doucement dans le coin, parfumant tout de leur incroyable odeur de culotte de petite fille pas très soignée... J'ai faim, soudain. Et justement, papa me propose "oun pétite cache-croûte". Oh ! Oui.....
Je suis sûre qu'en courant chez Carlier, vous vous arrêterez dans la première librairie et vous achèterez "Les Ritals" si vous ne l'avez pas encore lu. Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour moi !
Donc, quand je vais chez Carlier-Vogliazzo, je fais le plein de pâtes et j'en offre à tous les gens qui ne connaissent pas encore cette boutique.
Je prends invariablement des Penne, des orrichiette, des gnocchetti sardi, des pignoline...
Puis j'ajoute des occhi di lupo, des ziti pour faire comme Tony Soprano, et encore plein d'autres que je ne connais pas...
Puis je vais sur le site de "De Cecco", je tape le nom d'1 pâte et j'ai plein de recettes à tomber.
Ou j'invente, c'est tout aussi simple et toujours aussi bon.
Voilà tout ça pour dire que j'ai fait des Caserecce tomates-poivrons. Ce sont des espèces de macaroni plates et vrillées. Vous accompagnez ça avec n'importe quelle sauce tomate 1 tantinet liquide et vous tombez à terre, tellement c'est bon.
On y va ?
1 paquet de Caserecce
3 ou 4 tomates
2 poivrons
du parmesan
quelques anchois
de l'huile d'olive
sel et poivre
de l'ail
Pendant que vous faites cuire vos pâtes "al dente", faites chauffer dans 1 poêle 1 peu d'huile, ajoutez l'ail ciselé , les poivrons coupés en petits morceaux, les tomates en petits morceaux itou et laissez compoter pendant 1 dizaine de minutes. Goûtez et assaisonnez.
Au bout de ce temps, versez sur les pâtes, déposez des anchois et couvrez de parmesan. Et c'est tout !
Apprezzate !
J'ai oublié de vous dire qu'il n'y avait pas que des produits italiens, ils font aussi épicerie espagnole, turque, grecque et portugaise.
C'est pas le bonheur, ça ?